Trois questions posées à :

Emmanuelle FERREIRA, Responsable gestion actions en direct, et

Thierry CHARON, Directeur général adjoint.

A bien des égards, 2022 a été une année de ruptures majeures. Quelles conclusions en tirer au niveau de l’investissement et de l’épargne ?

 

Quels sont les principaux points à retenir pour 2022, et quelles conclusions en tirer au niveau de l’investissement et de l’épargne ?

T. Charon : La phase de crise actuelle a été déclenchée par des facteurs exogènes : la pandémie de Covid-19 et le conflit en Ukraine. Comme toujours, ces facteurs exogènes déstabilisent les économies et les marchés, rajoutent des incertitudes, réduisent la confiance. Les investisseurs doivent intégrer ces risques de facteurs exogènes dans leurs stratégies.

E. Ferreira : Le phénomène le plus notable est naturellement le retour de l’inflation, qui dicte tout le reste. Ce changement de paradigme, par rapport à l’inflation faible de ces dernières années, est appelé à se prolonger tout au long de 2023, voire en 2024, malgré l’action rapide des banques centrales.

 

Malgré les difficultés qui ont affecté l’économie, les résultats d’entreprises sont très positifs sur 2022. A quoi cette bonne tenue est-elle due – et est-elle durable ?

E. Ferreira : Il y a là un paradoxe lié à la composition des indices, tirés par des secteurs comme le luxe, la technologie ou l’énergie, qui compensent les performances plus nuancées d’autres secteurs. Si l’on prend l’indice MSCI EMU, par exemple, les bénéfices par action (BPA) devraient progresser de plus de 20 % en 2022 par rapport à 2021 ; sans le secteur de l’énergie, la hausse n’est que de 15 %. Il faut également compter avec « l’effet prix ». Face à l’inflation, les entreprises ont pu faire jouer leur « pricing power » et ainsi protéger leurs marges : un phénomène beaucoup plus incertain pour 2023.

 

Quelles perspectives attendre en 2023 ?

T. Charon : Il faudra encore compter avec des taux élevés et avec l’inflation, qui sera sans doute bien plus durable que ne l’envisage la majorité des acteurs. Dans cet environnement de faible croissance, la capacité des entreprises à conserver leurs marges est vitale, ainsi que leur solidité financière (poids raisonnable de l’endettement).

E. Ferreira : La grille de lecture « croissance vs. value » de ces dernières années pourrait être remise en question. La situation, plus complexe, appelle une analyse plus fine. C’est le grand retour du stock-picking : dans nos portefeuilles, nous continuons ainsi d’apprécier les valeurs qui bénéficient de tendances de fond durables telles que la santé ou la transition énergétique. Elles sont structurellement intéressantes et constituent des thèmes de croissance solides pour 2023 et au-delà.

 

Lettre financière #1 - janv 2023