Fil d'Ariane
Tensions commerciales et virage budgétaire allemand : un équilibre précaire
L’économie mondiale s’ajuste progressivement après le choc protectionniste sans précédent déclenché par l’administration américaine début avril. Tandis que cette instabilité remet en question l’exceptionnalisme américain, l’Europe tente de tracer sa propre voie, portée notamment par le profond changement de politique budgétaire allemande.

La politique économique américaine connaît un tournant majeur. Le « Jour de la Libération » du 2 avril a ébranlé l’économie mondiale avec l’annonce unilatérale de tarifs douaniers d’une ampleur inattendue. Face aux représailles de pays ciblés comme la Chine et à l’envolée des obligations du Trésor américain à 10 ans, l’administration Trump a dû faire volte-face, amorçant une désescalade par l’instauration d’une trêve de 90 jours[1].
Ce revirement, révélateur de l’approche désormais très erratique de la politique économique américaine, permet sans doute d’écarter le risque de récession aux États-Unis, mais n’élimine pas les perspectives de ralentissement. Le FMI a d’ailleurs révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2025, avec une diminution de 0,8 point de pourcentage[2]. La visibilité reste limitée sur le cadre tarifaire à venir et ses effets potentiels sur les chaînes d’approvisionnement. Selon le FMI toujours, la croissance aux États-Unis, qui atteignait 2,8 % en 2024[3], devrait se replier à 1,8 % du PIB en 2025[4]. Le consommateur américain étant le premier à subir les conséquences de ces mesures douanières.
En parallèle, l’Europe, et particulièrement l’Allemagne, offre des signaux plus positifs. Les annonces du nouveau chancelier allemand marquent un tournant historique : 500 milliards d’euros d’investissements sur 12 ans dans les infrastructures et la transition énergétique, auxquels s’ajoute une stratégie de réarmement sur une décennie[5] ; un changement de paradigme qui met fin à des années d’austérité budgétaire. Les effets économiques de ce plan se ressentiront sur la durée, avec des effets de ruissellement progressifs dans l’économie réelle.
En Chine, les plans de relance attendus depuis plusieurs mois tardent à se matérialiser, et paradoxalement, l’épisode de désescalade commerciale pourrait réduire la probabilité d’un tel stimulus.
Dans ce contexte mouvant et volatil, la baisse significative du prix du baril de pétrole pourrait jouer un rôle d’amortisseur, particulièrement pour le consommateur américain dont la confiance reste étroitement corrélée à cette variable. Cette évolution pourrait compenser partiellement les effets négatifs du regain des tensions commerciales.