De l’exceptionnalisme américain au renouveau européen

12 juin 2025

3 QUESTIONS À : Emmanuelle FERREIRA & Yann CARRE 

Les marchés financiers doivent s’adapter à un nouveau contexte économique marqué par des tensions commerciales ravivées. Éclairage sur les choix stratégiques d’Agrica Épargne avec Emmanuelle Ferreira, Directrice Générale Adjointe et Yann Carré, Responsable Multigestion.

Les choix d'Agrica Epargne decoration

Comment la récente instabilité économique influence-t-elle vos choix d'investissements ?

Alors que l’exceptionnalisme américain dominait le discours économique encore en ce début d’année, c’est désormais l’Europe qui retient l’attention en 2025. Le rattrapage des marchés européens déjà enclenché devrait se poursuivre, porté notamment par le plan de relance massif décidé par l’Allemagne. Plusieurs autres facteurs soutiennent cette perspective : une meilleure visibilité sur la politique monétaire de la BCE grâce à une inflation qui continue de refluer, un différentiel de croissance économique qui tend à se réduire avec les Etats-Unis et des valorisations qui restent encore attractives. Notre préférence va donc pour l’instant aux actions européennes, bien que leur récent rallye laisse présager un potentiel de performance supplémentaire limité pour le reste de l’année. 

Quels secteurs privilégiez-vous dans ce contexte ?

D’un point de vue tactique, le secteur bancaire européen présente des atouts convaincants. L’environnement de taux reste favorable aux marges de ces acteurs, tandis que la reprise des volumes de prêts se vérifie avec un coût du risque qui demeure modéré. Ce secteur cyclique devrait bénéficier de l’amélioration des perspectives économiques régionales ainsi que de la pentification de la courbe des taux. Les valorisations demeurent attractives, avec un retour total à l’actionnaire dépassant parfois 10 % pour de nombreuses banques européennes – entre dividendes et programmes de rachat d’actions. Autre avantage de taille dans un contexte de guerre commerciale : le caractère domestique de ce secteur l’immunise grandement contre les risques directs liés aux tarifs douaniers et à la dépréciation du dollar, contrairement à des valeurs exportatrices. 

Comment abordez-vous le marché obligataire dans cette configuration ?

Nous maintenons une certaine prudence vis-à-vis du marché obligataire, particulièrement sur les obligations souveraines. Aux États-Unis, ce segment reste très exposé aux problématiques de gouvernance erratique et d’endettement croissant. En zone euro, malgré des risques moindres qu’outre-Atlantique, la pression haussière sur les rendements persiste, notamment en raison des plans de relance qui ne vont pas améliorer les finances publiques, tant en Allemagne qu’en France par exemple.


[1] https://www.fbf.fr/fr/derniers-chiffres-sur-les-credits-aux-particuliers/